Et si les jeunes de moins de 18 ans pouvaient avoir le droit de vote ? La question n’est pas nouvelle et revient même régulièrement dans le débat public…
Abaisser l’âge de la majorité électorale aujourd’hui fixée à 18 ans, voilà une question qui revient régulièrement sur le devant de la scène. Anne Hidalgo, candidate à la primaire socialiste, s’était encore prononcée en octobre 2021 pour cette mesure. « J’ouvrirai le droit de vote à 16 ans. Les jeunes doivent pouvoir se prononcer sur les décisions qui concernent leur avenir(….) » avait-elle ainsi tweeté. Et elle n’est pas la première à aborder cette thématique. Avant elle, Jean-Luc Mélenchon ou Yannick Jadot s’étaient déjà eux aussi manifestés en ce sens. Emmanuel Macron s’était lui-même déjà dit ouvert à cette éventualité en 2019.
Donner le droit de vote à partir de 16 ans
C’est à chaque fois l’âge de 16 ans qui revient chez les partisans d’un tel changement. En Europe, quelques rares pays ont déjà adopté ce droit de vote « rajeuni ». Ainsi, en Autriche et à Malte, il a été fixé à 16 ans, 17 ans en Grèce. En Allemagne, en Belgique et en Estonie, les jeunes de 16 ans peuvent également prendre part au vote mais seulement pour certains scrutins. Enfin, en Slovénie, c’est également possible mais à condition de travailler.
En France, le droit de vote est fixé sur l’âge de la majorité civile, c’est-à-dire 18 ans, depuis une loi du 5 juillet 1974. Les partisans d’un abaissement à 16 ans prennent appui sur le fait que c’est un âge où les jeunes Français commencent à avoir un certain nombre de droits et de devoirs : le commencement de la majorité pénale, le droit de travailler, de s’émanciper, de créer une association, de choisir seul son médecin traitant ou encore de s’immatriculer à la Sécurité sociale et d’avoir une carte vitale. Avoir le droit de vote serait donc pour eux la continuité de ces possibilités déjà en vigueur.
L’abstentionnisme des jeunes, une question centrale
Le but des partisans de l’abaissement de l’âge du droit de vote est central : redonner aux jeunes le goût de voter. Et la tâche est a priori compliquée : aux dernières élections régionales et départementales, l’abstentionnisme des moins de 35 ans s’est élevé à 82% ! Un taux record qui témoigne du désintérêt et/ou de la désillusion éprouvés par les populations plus jeunes face au monde politique.
Abaisser la majorité électorale paraît à première vue illogique face à de tels résultats. Si les jeunes s’abstiennent massivement, pourquoi ceux de moins de 18 ans seraient-ils plus actifs à voter ? Et pourtant, il semblerait qu’une telle mesure permette un investissement jeune plus marqué et ce, pour plusieurs raisons. Céline Braconnier professeure de science politique et directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, expliquait ainsi sur les ondes de France Culture en octobre 2020 « qu’un certain nombre d’études ont montré – notamment aux États-Unis – que l’abaissement de l’âge électoral rendrait possible un accompagnement des premières expériences électorales : accompagnement par les familles et surtout par les établissements scolaires ». Un accompagnement plus aisé en effet à 16 ans car les jeunes sont encore, à ce moment-là, concernés par la scolarité obligatoire (qui prend justement fin après 16 ans). « Des expériences ont montré que si on parvenait à faire voter les jeunes trois fois d’affilée, ils avaient plus de chances de devenir des votants plus constants pour le reste de leur parcours civique. » ajoutait-elle. Permettant ainsi peut-être à terme de lutter contre l’abstention massive des jeunes.
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